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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 17:18

Anetamara (45)

 

Ewen traversa les longs couloirs du palais de Lyderem comme une ombre sans même se faire remarquer. Toutes ces précautions étaient bien inutiles puisque la majorité des partisans d'Elisabelle connaissaient son existence, mais il aimait se déplacer ainsi. Il pouvait frôler une servante sans que celle-ci ne se rende compte de sa présence. Comme tout vampire, il avait cette aptitude incroyable de se déplacer à une vitesse que l'œil humain ne pouvait déceler. Seuls les lycans étaient capables de se déplacer à une vitesse presque identique et de voir les vampires quand ils décidaient de faire usage de ce don de la nature.

Sans bruit, il se glissa dans la chambre de la reine. Il y flottait une douce odeur de fleur à laquelle se mélangeait celui de sa complice. Un sourire étira les minces lèvres d'Ewen quand il l'entendit chanter dans la salle d'eau. Comment faisait-elle pour se sentir si tranquille sachant que Luciano était toujours libre de tous mouvements ? Il était le plus sérieux de leurs ennemis. Le seul que lui, Ewen Dahl, le nouveau maître des vampires, craignait. Même les deux sang impurs qui battaient maintenant la campagne anetamarienne ne l'effrayait pas ainsi.

_ Elisabelle ! cria-t-il fou de rage en se remémorant la seule fois où il avait du affronter le roi des lycans. Les nombreuses cicatrices qui couvraient son corps témoignaient de sa défaite ce jour-là.

Entendant la voix d'Ewen, Elisabelle sentit son rythme cardiaque s'accélérer. À la mort de Lahav, il avait été celui qui avait essuyé ses larmes, pansé son cœur, mais surtout qui avait redonné un sens à sa vie en lui promettant une douce vengeance. Cette vengeance, elle l'avait attendu plus de vingt ans. L'heure était maintenant venue de faire payer de leur vie tout ceux qui lui avaient enlevé son bien aimé frère, son âme sœur.

Entrant dans l'immense chambre royale, la douce reine, d'un regard, comprit que son complice était hors de lui. Il arpentait la pièce a une vitesse incroyable. Elisabelle ne distinguait ni ses mouvements, ni ses traits. Elle ne voyait qu'une ombre qui passait d'un bout à l'autre de la chambre.

_ Sais-tu qui se trouve dans ton royaume à l'instant même ? éructa-t-il.

La reine se contenta de darder sur lui son regard obsidienne plein de surprise. Au bout d'un moment, voyant qu'il ne se décidait pas à éclairer sa lanterne, elle secoua la tête négativement en guise de réponse.

_ C'est impossible ! s'emporta-t-il encore. Je les ai pourtant envoyés ici. Tes troupes aurais du les capturer. Je n'y comprends rien.

_ Mais de qui parles-tu ?

_ De Luciano et des sangs impur.

La surprise d'Elisabelle grimpa d'un cran. Comment Luciano aurait-il pu revenir à Anetamara sans que je sois au courant ? La Merkaba était surveillée.

_ C'est impossible, souffla-t-elle.

_ Si tu penses à tes gardes, persiffla Ewen, ce n'est pas la peine. Ils n'ont même pas été conscients de ma présence à l'instant. Ils ne seraient même pas capable de voir l'ennemi s'il se présentait sous leur nez.

Elisabelle accusa la critique sans broncher. Elle connaissait les capacités de ses hommes, lui non.

Soudain Ewen arrêta son va et vient et la fixa avec colère. Il s'avança lentement vers elle, la faisant reculer de peur. Elle savait qu'elle n'avait pas à craindre pour sa vie. Ewen avait encore besoin d'elle, mais il pouvait parfois être très cruel et cet aspect de sa personnalité ne la séduisait pas du tout. Dans un mouvement à peine perceptible, il la plaqua contre son torse de glace.

_ L'odeur de ta peur et sans aucun doute celle que je préfère, lui souffla-t-il à l'oreille. Elle m'excite et rend le goût de ton sang plus exquis.

Elisabelle frissonna violemment, autant d'appréhension que de plaisir. Sans que le vampire le lui demande, elle releva ses cheveux et lui tendis son cou.

_ Non, ma reine, déclara-t-il en la lâchant sans prévenir. Nous n'avons pas le temps de jouer. Je dois absolument parler à Gladius. Il doit être au courant des plans de Luciano. Nous devons le retrouver avant qu'il ne formate les sangs impurs. Ils ne doivent absolument pas se liguer contre nous. En réalité, nous n'avons besoin que du fils des Melgrove. Ta nièce nous est inutile pour le moment.

_ Réveiller Gladius n'est pas une bonne idée, maître.

Ewen l'obligeait à l'appeler ainsi, mais cela ne la dérangeait pas, au contraire.

La reine se refusait de réveiller le roi des vampires pour une simple et bonne raison. Cet homme avait une force psychique hors du commun. Elle avait du faire appel à tout son savoir et à ceux de ses meilleurs mages pour venir à bout de ses défenses. Le simple fait de le maintenir dans ce sommeil artificiel réclamait la présence d'un mage à ses côtés chaque jour.

_ Oserais-tu remettre en question l'un de mes ordres ?

_ Non ! Non ! Mais Gladius nous a posé problème au début de sa captivité. On en a eu encore plus au moment de le contraindre au sommeil et le réveiller serait lui permettre de fuir car je me sens incapable de recommencer un tel exploit.

Ewen se mit à rire sans raison apparente. Il caressa lentement la joue de sa reine avant de prendre avec violence son menton. Ainsi, il l'obligea à le regarder. Le bleu froid de ses yeux, comme d'habitude, l'effraya.

_ Dois-je te rappeler que ma magie est supérieure à la normale ? Ne t'inquiète pas pour le vampire, je saurais le maîtriser.

_ Si tu te dis si puissant, réveille-le toi-même, s'emporta malgré elle la magicienne.

Le vampire resserra ses doigts sur le menton de la jeune femme, jusqu'à lui faire pousser un petit cri de douleur.

_ Ne me provoque pas ! persiffla-t-il. Il serait dommage de perdre la vie aussi bêtement.

_ Tu ne me tueras pas et tu le sais très bien. Mais si tu tiens tant à lui parler, alors allons-y.

Ewen la laissa se libérer et la regarda avec un sourire. Oui, elle savait qu'il ne la tuerait pas. En tout cas pas pour le moment, mais au bout de tout cela, elle mourrait comme les autres souverains de ce royaume maudit.

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31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 14:57

Anetamara (44)

 

                          Chapitre 10 : Manipulations

 

La nuit était tombée avec une rapidité surprenante comme toujours sur cette partie de l'Écosse. Au beau milieu d'un immense parc privé, se dressait un manoir typique du Moyen-Âge. La brume empêchait de voir ses quatre tours circulaires. Comme un fantôme, apparaissait de temps à autre le chemin de ronde au-dessus de l'entrée du manoir. Celui-ci était de taille modeste comme tout le reste de la bâtisse, c'est pourquoi son propriétaire se plaisait à dire qu'il s'agissait d'un manoir et non d'un château fort. Pour lui un château fort était de taille beaucoup plus grande que sa modeste demeure. Pourtant, s'il l'avait acheté c'était parce que seule une demeure de la noblesse moyenâgeuse pouvait lui offrir la sécurité dont il avait besoin. À l'abri de ces murs, il pouvait mettre au point toutes ses manigances sans craindre d'être découvert par le reste du monde.

Malgré l'obscurité, il regardait par l'une des douves de l'enceinte principale. Comme ses gardes, ce soir, il était à l'affût d'une attaque de l'ennemi. Pourtant, il savait qu'il n'avait rien à craindre. Ils ne connaissaient pas son identité. Pas encore. Ils se doutaient bien de quelque chose, mais ils n'en étaient pas encore sûrs. D'ailleurs, personne dans son autre vie ne pouvait se vanter de le connaître réellement. Jusqu'à son bannissement et sa fuite, il n'avait était qu'une ombre dans l'ombre de l'inégalable reine Elisabelle Croël. La reine des mages, la souveraine d'Anetamara.

Un sourire aux lèvres, il retourna à la salle à manger, pièce principale du manoir que jouxtait un salon de taille modeste. Là, il prit une carafe d'un liquide rouge sang et remplit sa coupe.

_ A la vôtre, ma reine ! dit-il en portant un toast imaginaire.

Une goutte du liquide rouge coula avec lenteur de la commissure de ses lèvres à l'extrémité de son fin menton. D'un revers de main, il s'essuya avant de se lécher les doigts.

_ Il serait dommage de perdre une seule goutte de cet exquis crus.

_ Mon seigneur, les hommes sont de retour.

L'homme trapu qui se tenait en face de lui ne semblait pas à son aise. Il faisait parti de ses esclaves. L'un de ceux qui avaient contribué à remplir les nombreuses carafes du manoir. Malgré son allure peu avenante, force était de reconnaître que cet humain avait un sang très goûteux. Sans doute l'un des meilleurs de ce monde auquel il n'appartenait pas.

_ Qu'est-ce qui te fait peur, humain ? D'ici je peux sentir ta peur.

Boyd baissa les yeux. Son maître, le seigneur Ewen Dahl, comme il aimait se faire appeler, n'était pas homme à prendre les mauvaises nouvelles avec facilité. D'ailleurs, ce n'était pas un homme, enfin pas un de la classe des humains. Il s'agissait d'un vampire, et un de la pire espèce. Il pouvait se montrer colérique, cruel, dur, intransigeant, implacable, mais bon, non. Rien en cet être surnaturel qui avait bouleversé son existence n'inspirait de la douceur. Rien qu'à l'évocation de son prénom, les habitants du manoir se mettaient à trembler de la tête au pied. Et c'était la même chose pour ceux de son espèce.

Comment ne pas avoir peur d'Ewen Dahl ? Il avait un visage en forme de losange que des pommettes creuses n'arrivaient pas à adoucir. Ses yeux étaient d'un bleu froid qu'on voyait à peine tant ils étaient petits et enfoncés. Son nez aquilin contribuait à donner à son visage cet air dur. Mais son visage était peu visible car il se cachait constamment derrière ses longs cheveux blond platine. Ils lui arrivaient en-dessous des épaules dans un dégradé effilé, c'était là sa seule coquetterie. Il ne les attachait jamais, sauf quand il se nourrissait de sang frais. Ainsi, ses victimes pouvaient croiser le bleu froid de ses yeux qui prenaient une teinte à mi-chemin entre le bleu et le mauve lorsque la faim le tenaille. Les pauvres gibiers avaient parfois l'impression qu ce monstre de la nature hésitait entre l'indifférence de son bleu froid et la chaleur du sang d'où cette couleur de ses prunelles à cet instant fatidique.

_ Parle humain ! Tu sais très bien que la patience n'est pas mon fort.

_ Ils m'envoient vous dire qu'ils n'ont pas pu mener à bien leur mission.

Ewen grinça des dents. La nouvelle ne le surprenait nullement. Il avait senti la puissance des sang impurs jusqu'ici quand ils étaient passés dans l'autre monde. D'ailleurs, c'était même lui qui avait déjoué leur plan et les avait renvoyés à Anetamara. Non, ce qui le contrariait c'était la lâcheté de ses hommes.

_ Je m'absente quelques temps, dit-il simplement en passant un manteau rouge écarlate sur ses épaules.

Ewen Dahl, comme tous les vampires, ne ressentait pas le froid, mais ce simple vêtement lui permettait de faire croire au reste du monde qu'il était un être normal et non surnaturel.

Sans un regard en arrière, il sortit par une porte dérobée au fond de la salle à manger. À pas rapide, très rapide pour l'œil humain, il traversa la bâtisse sans se faire repérer par les siens. Il déboucha sur la forêt attenante au manoir et là, après s'être assuré que personne ne pouvait le voir, il se volatilisa en utilisant le même sort que les sang impurs.

_ Déborah ! hurla-t-il une fois arrivé à destination. Déborah !

La gardienne de la Merkaba ne répondait pas. Le vampire se mit à crier encore plus fort, faisant trembler l'air autour de lui.

_ Je suis là ! souffla la jeune femme d'une voix chevrotante. Pas la peine de crier comme ça.

_ Que faisais-tu ? Pourquoi ne m'as-tu pas répondu dès que je t'ai appelé ? Dois-je te rappeler que tu dois ta vie à mon bon vouloir ?

Déborah se mit à trembler. La peur mais aussi la fatigue malmenaient son corps.

_ Je suis désolée, maître, dit-elle en s'inclinant devant le vampire.

Ce geste n'était en rien une marque de soumission, de respect ou de peur, non. La gardienne ne voulait pas que celui qu'elle avait en horreur puisse lire dans ses yeux toute l'aversion qu'elle lui vouait.

_ Relève-toi et ouvre-moi cette porte.

Tremblante de colère, Déborah s'exécuta sans un regard vers son maître. Elle maintint la porte ouverte le temps qu'il la passe et une fois encore, elle songea à l'enfermer dans cet espace entre les deux mondes. Mais elle ne le fit pas. Il avait la magie et les compétences nécessaires pour voyager de lui-même d'un monde à l'autre. Mais comme tous les êtres magiques, l'utilisation de la magie lui coûtait un peu de son énergie vitale. Dans un souci de l'économiser au cas où un ennemi l'attendrait de l'autre côté, il se servait d'elle. La jeune femme savait que si elle faisait mine de se rebeller, il la tuerait sans aucun remord.

La Merkaba se referma dans un petit soupir, laissant pantelante la petite gardienne. Elle avait fait trop usage de la magie ces derniers jours. À l'instant encore, elle avait déjoué les plans d'Ewen. L'une de ses sœurs gardiennes avait lu dans les étoiles qu'il voulait conduire les sang impurs et leurs alliés à Lyderem. Elles s'étaient alors mises d'accord pour les aider et les conduire dans la forêt de Mélaya. Cependant, leur plan n'avait pas réellement fonctionné. Les sang impurs avaient été séparés du reste du groupe. Une magie plus puissante que celle des gardiennes et encore plus puissante que celle de leur ennemi les avait envoyé à Oroméo. La gardienne trembla à cette pensée. La ville grouillait de vampires, de mages et de quelques lycans adeptes de la cause d'Ewen. Ils risquaient donc la mort.

D'un pas décidé, Déborah se réfugia dans sa maison et décida d'user une fois encore de la magie. C'était une pure folie. La mort la guetterait au bout de cette manœuvre, mais elle n'avait pas le choix. Luciano devait être prévenu et aider les deux jeunes gens.

Elle s'assit en grimaçant sur son lit et entreprit d'énoncer le sort dont elle avait besoin.

_ Non ! hurla quelqu'un dans sa tête.

_ C'est toi Tara ?

_ Oui. Ne fais pas ça. Tu n'as presque plus d'énergie. Tu risques la mort. Laisse-moi faire !

_ Mais... . D'accord, souffla encore Déborah avant de sombrer dans l'inconscience.

 

Anetamara (46)

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 15:10

Anetamara (43)

 

Iria se sentait complètement faible. Décidément, sa non maîtrise de la magie la laisser toujours sans force. Elle ouvrit péniblement les yeux pour se rendre compte qu'un épais brouillard l'enveloppait. Elle tenta tant bien que mal de se mettre sur ses pieds pour voir où elle se trouvait. Une nuit d'encre semblait présente par de-là l'épais brouillard. Elle ne distinguait rien autour d'elle, même pas la moindre émotion de l'un de ses compagnons. Affolée, elle se mit à tourner sur elle même pour les chercher du regard, mais elle ne voyait pas à un centimètre. Submergée par la peur, elle se mit à appeler Luciano. Une main viril la bâillonna, poussant à son paroxysme son angoisse.

 _ Tais-toi ou ils vont finir par nous repérer !

La jeune femme voulut mordre la main qui la réduisait au silence, mais l'homme la retourna brutalement et elle croisa deux puits noirs qui la rassurèrent d'emblée.

« Elle croit que je suis mon oncle », fulmina intérieurement Sebastian.

Iria se laissa aller contre le torse de Sebastian qu'elle avait immédiatement reconnu. Le regard de Luciano n'avait pas cette éternelle colère au fond des prunelles. Elle était heureuse de ne plus se trouver seule dans le brouillard dans un lieu qu'elle ne connaissait pas. Le cœur de son compagnon battait lentement, mais sa respiration était saccadée. Tous ses muscles étaient tendus. Il était dans l'attente, mais l'attente de quoi ?

_ Ils arrivent, lui souffla-t-il au creux de l'oreille. Tiens-toi tranquille et tous se passera bien.

Comme dans le pire de ses cauchemars, Iria sentit de longs poils drus frôler la partie inférieure de son corps. Elle ne put s'empêcher de trembler et crut que les lycans, car s'en était, les avaient repérés.

_ Calme-toi, murmura encore Sebastian. Ils ne peuvent ni nous voir, ni nous sentir. Je nous ai protégés d'un sortilège.

Sebastian entendit la jeune femme lâcher un soupir de soulagement. Ses tremblements cessèrent et il la serra plus étroitement contre lui pour la rassurer.

_ Où sommes-nous ? demanda-t-elle après plusieurs minutes.

_ A Oroméo.

_ Quoi ?

_ Chut ! Ils ne sont pas si loin que cela.

_ Et où sont les autres ?

_ Je n'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que par ma faute on se retrouve à Oroméo et j'espère que les autres se portent bien.

Entourant la taille de Sebastian de ses bras potelés, Iria se serra encore plus contre lui. Elle aussi elle espérait que les autres allaient bien. Il n'avait pas à s'en vouloir. Elle aussi avait souhaité revenir à Anetamara au lieu de penser à cet endroit qu'il appelait Espagne.

 

A l'autre bout du royaume, Luciano se réveillait conscient d'un malaise. Ils se trouvaient tous là sauf Iria et Sebastian. Où étaient-ils ? Garvalf soit loué, lui savait qu'il se trouvait à l'abri au cœur de la forêt de Mélaya. Pourquoi avaient-ils échoué ici ?

 

  Anetamara (45)

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 15:05

Anetamara (42)

 

Sebastian respira enfin librement. Se retrouver si près de sa mère et de son oncle à la fois le mettait mal à l'aise. Le soleil était sur le point de se coucher et de son point d'observation il avait une vue imprenable sur le Maritime Park de Jersey city. Ils étaient arrivés en fin d'après-midi. En tant normal, vu la rapidité avec laquelle ces êtres surnaturels avaient l'habitude de se déplacer, ils seraient arrivés en moins de deux heures. Mais ils avaient voulu brouiller les pistes pour échapper à leurs poursuivants. En outre, avec deux blessés et une sorcière qui ne maîtrisait pas son don d'empathie, cela leur avait paru être la meilleure solution. Luciano avait refusé de le laisser soigner correctement Galatea. Le grand roi d'Anetamara ne supportait pas la magie et encore moins celle venue de lui, c'est pourquoi il l'avait juste laisser arrêter l'hémorragie et la plonger dans un coma artificiel afin qu'elle ne souffre plus et cicatrise plus vite. Mais vu la quantité de sang que les vampires lui avaient pris, sa guérison risquait d'être longue sans magie.

Ils avaient décidé de passer la nuit dans un coin reculé du Liberty State Park. Luciano s'était placé en haut de la statut de la liberté pour pouvoir voir venir l'ennemi. Olivier, après avoir accepter l'aide de Sebastian pour sa jambe cassé était allé à l'entrée sud du parc. Le sang impur avait reçu pour mission de rester auprès des femmes et de les protéger si un danger survenait. Mais il avait ressenti le besoin de s'isoler.

_ Tout … tout va bien ? lui demanda une voix timide.

Sebastian ne prit pas la peine de se retourner et encore moins de répondre. Il avait entendu Iria arriver. N'importe quel humain ordinaire aurait pu l'entendre tant elle n'était pas discrète. La présence de la jeune femme l'exaspérait autant que celle de son oncle ou encore celle de sa mère. Elle lui rappelait trop Tara. La douce gardienne était retenue prisonnière et lui ne pouvait rien pour lui venir en aide. La ressemblance entre la mère et la fille s'arrêtait à leurs grands yeux améthystes, mais cela était suffisant pour le rendre mal à l'aise.

Iria sentit le sang impur se raidir à son approche et fut vexée de son attitude encore plus de son indifférence. Elle n'avait rien fait pour le contrarier, sauf peut-être être elle. Il était vrai que depuis leur rencontre, elle n'était qu'un poids mort. Elle ne faisait que perdre connaissance ou se tordre de douleur dès qu'une émotion trop forte d'autrui venait troubler sa quiétude habituelle. Mais était-ce réellement de sa faute ? Elena, dans sa bonté, lui avait expliqué que Tara, sa mère - quelle bonheur de pouvoir prononcer ce simple mot ! - , avait attribué ce phénomène à la proximité de Sebastian. Elle n'avait pas bien compris pourquoi et ne s'en souciait guère.

_ Pensez-vous qu'ils vont nous retrouver ? tenta-t-elle une nouvelle fois.

Cette fois-ci, il se tourna vers elle et la regarda avec sévérité. La colère qui sourdait en lui s'exprima à travers le regard d'Iria. Sebastian ravala immédiatement son ressentiment. Il ne fallait pas que ses émotions viennent perturber la jeune femme.

_ C'est toi la sorcière, c'est donc à toi de nous le dire, trancha-t-il malgré tout.

_ Je ne suis pas une sorcière, s'écria Iria. D'ailleurs vous êtes vous même un mage, non ?

La question qui se voulait innocente sonna comme une insulte aux oreilles de Sebastian. Serrant les poings pour maîtriser le flot d'émotions qui menaçait de le submerger, il reporta son regard sur l'horizon.

_ Ils approchent, dit-il au bout de quelques minutes. Luciano s'agite. Lui aussi a senti leur changement de direction. Ils ne tarderont pas à nous rejoindre. D'après toi, que devrions-nous faire ?

_ Nous télé-transporter ailleurs. J'ai lu dans le Stros snoito seigam que la magie permettait de voyager d'un lieu à l'autre sans monture. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait pour vous rejoindre.

Sebastian ne fut pas surpris par ce qu'il venait d'apprendre. Une simple magicienne de bas étage qui avait eu le droit de consulter le livre sacré de magie, quelle aberration !

_ Admettons que je sois d'accord avec toi, où irons-nous ?

_ Nous devons mettre les autres en sécurité, ensuite je rentrerais à Lyderem pour libérer ma mère.

Cette fois-ci, la surprise se peignit sur les traits altiers du jeune sang impur, faisant naître un sourire satisfait sur le doux visage d'Iria.

_ Vous êtes comme votre oncle, toujours en train de me sous estimer.

_ Ne me compare pas à lui ! Nous n'avons rien en commun si ce n'est notre nom de famille.

La même rage s'empara d'Iria faisant trembler son corps tout entier. Elle n'était pas accoutumée à ressentir des sensations semblables. Soudain conscient de l'agitation de la jeune femme, Sebastian s'éloigna de quelques pas afin de retrouver son calme. Il la fixa longuement, regardant, surpris, sa métamorphose. Au fur et à mesure qu'il jugulait sa colère, Iria retrouvait son teint d'ivoire et une respiration régulière.

_ Cela doit être horrible de ne plus être maître de ses propres émotions, énonça-t-il doucement.

_ Pour un être tel que vous peut-être, mais pour moi ce n'est rien.

_ Qu'entends-tu par là ?

_ Que je ne suis pas d'une nature libre et égoïste comme vous. J'ai l'habitude de me soucier des autres et de compatir à tout ce qui leur arrive, alors ressentir réellement leurs émotions n'est pas un véritable handicap. Il faut juste que j'apprenne à vivre avec. Il faut que j'arrive à les contrôler afin de ne plus être un poids pour tout ceux qui m'entourent.

Un bruit dans les buissons derrière Iria attira l'attention de Sebastian. Il vit son oncle en sortir. Il ne l'avait même pas entendu arriver.

_ Tu manques de concentration, mon neveu. Imagine qu'il s'agisse de notre ennemi.

_ C'est ta sorcière qui m'a distrait.

_ Je dois avouer qu'elle a un don pour cela, se moqua-t-il gentiment.

Iria ne les écoutait plus. Un changement dans l'air avait attiré son attention. Cela n'avait rien avoir avec l'animosité de Sebastian envers son oncle ou encore la gêne de Luciano face à ce neveu qu'il avait renié. Non, une vague de colère, puissante et inébranlable se rapprochait à grands pas d'eux.

_ Nous devons immédiatement partir, murmura-t-elle d'une voix blanche.

Les deux hommes la fixèrent étrangement. Luciano se demanda si elle avait eu une vision, Sebastian, lui, comment elle avait fait pour sentir le danger arriver. Les mages n'avaient pas la capacité de pressentir l'arrivée de l'ennemi, seulement de la prédire à partir d'incantations ou autres subterfuges magiques. Il renifla pour jauger la distance des buveurs de sang et l'estima à moins de cinq kilomètres. D'ici dix minutes ils seraient sur eux.

_ Elle a raison. Partons et accomplissons ton plan !

Iria posa un regard pleins de reconnaissances sur le jeune homme ce qui le troubla étrangement.

Sans plus attendre, ils se dirigèrent vers l'endroit où se cachaient les autres. Olivier avait rejoint les femmes et se tenait à l'écart, silencieux. Il ne cessait de regarder avec inquiétude la louve étendue à même le sol.

_ Ne t'inquiète pas, lui souffla Iria. Elle ira bientôt mieux. Je...

_ Que devons-nous faire ? l'interrompit sans ménagement Sebastian.

Elle sortit de son sac le lourd manuscrit de magie et relut une dernière fois l'incantation.

_ Nous devons tous nous tenir par la main. Il va ensuite falloir visualiser l'endroit où nous voulons nous rendre avant de réciter cette incantation.

Sebastian mémorisa en quelques secondes les lignes que lui montra la jeune fille, puis il prit délicatement sa mère dans ses bras. Géraldine se positionna à ses côtés, posa une main tremblante sur l'épaule du jeune homme et prit la main de son frère. Puis venait Luciano, Elena et enfin Iria.

_ Quelle destination prenons-nous ? questionna la magicienne.

Sebastian lui proposa l'Espagne. Il avait une villa là-bas que personne ne connaissait. Ils pourraient s'y cacher en attendant que Galatea reprenne des forces.

_ Nev ud ueid xio erto etouce, ruec nom eripa leuq ec rev suon enem1, clamèrent d'une même voix Sebastian et Iria.

La troupe de vampires arriva au moment même où une lumière blanche enveloppait les fugitifs. Il était trop tard songèrent-ils.

1 Écoute notre voix, dieu du vent et emmène-nous vers ce lieu auquel aspire mon cœur.

 

Anetamara (44)

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10 juillet 2011 7 10 /07 /juillet /2011 15:26

Anetamara (41)

 

 

Galatea sombrait peu à peu dans l'inconscience. Les vampires la vidaient littéralement de son énergie vitale. Ils étaient dix maintenant et se relayaient pour avoir tous droit à un peu de son précieux sang. Elle se croyait perdu et pestait contre le Dieu de ce monde qu'elle avait appris à vénérer. Comme Garvalf dans le passé, il l'avait abandonné au moment où sa vie aurait pu s'améliorer, mais à qui devait-elle réellement s'en prendre si n'était à elle.

Au moment où l'espoir l'abandonnait, elle entendit un immense rugissement qu'elle reconnut immédiatement. Elle sombra dans l'inconscience en songeant qu'elle allait, en plus de mourir, amener aussi Olivier dans l'au-delà avec elle. Pourquoi diable, l'avait-il suivie jusqu'ici ?

 

Le sang d'Olivier n'avait fait qu'un tour en voyant la louve de sa meute se faire attaquer par dix suceurs de sang. Ce combat était déloyal et indigne du traité de paix établi depuis des siècles entre vampires et lycans. Au moment où son chemin avait croisé celui de Galatea, l'alpha avait su que sa vie ne serait plus jamais la même, mais il ne s'était pas attendu à devoir abandonner sa meute pour la poursuivre. Mais, à l'instant, il ne regrettait pas sa décision. S'il ne l'avait pas fait, il s'en serait voulu toute sa vie d'immortelle. La belle louve était en très mauvaise posture et d'un accord tacite avec sa sœur qui l'accompagnait, ils se jetèrent sur les vampires pour sauver leur amie.

Géraldine, laissant son frère se transformer et disperser le gros des buveurs de sang, se jeta sur la seule qui continuait à mordre non loin de la clavicule de son amie. Elle ne sut jamais d'où lui vint la force d'arracher l'affamée du cou de Galatea, mais elle y parvint. Elle la balança par dessus son épaule avant de s'accroupir auprès de la princesse qui avait repris sa forme humaine.

_ Galatea ! Galatea ! Réponds-moi, je t'en prie !

La louve entendit la voix de son amie, mais crut à une hallucination. Elle devait être morte et non en compagnie des membres de sa famille d'adoption.

_ Olivier ! cria Géraldine au comble du désespoir. Elle ne respire plus. Je t'en prie, il faut la sauver.

Olivier entendit sa sœur, mais il ne pouvait lui répondre. Si cette dernière n'avait pas été aussi paniquée, elle aurait, comme lui, entendu le cœur de la princesse battre faiblement. Elle n'était pas encore morte, mais la vie s'échappait d'elle. Il n'eut pas le temps de s'appesantir d'avantage sur ce constat. Un vampire se jetait sur lui tous crocs dehors. L'alpha n'eut aucun mal à éviter l'attaque. Il arriva même à le blesser d'un coup de patte.

_ Olivier !

Le cri de Géraldine lui glaça le sang. Sans avoir à se retourner, il savait qu'elle était aux prises avec un ou plusieurs vampires et qu'elle ne s'en sortait pas. Sa sœur n'avait jamais était une combattante de talent et face aux vampires ses forces ne lui étaient d'aucun secours. Il vit, cependant, avec surprise, deux vampires désarticulés, voler au-dessus de sa tête. Il attendit de les voir se relever une fois arrivés au sol, mais ils n'en firent rien. Tout à sa contemplation, le lycan ne vit pas le vampire qui se jeta sur son flanc droit. Il ne pu éviter l'attaque et banda ses muscles pour ne pas hurler sous le coup de la douleur. Jetant un regard sur sa patte gauche, il vit un vampire accrocher là par les crocs. Il secoua énergiquement la patte pour se débarrasser de l'insolent.

_ Ne te préoccupe plus de ta sœur, lui murmura une voix au creux de l'oreille.

Il n'eut pas besoin de tourner la tête pour s'apercevoir qu'il s'agissait de la jeune amie étrangère de Galatea qui lui parlait. Les moindre inflexions de sa voix claire s'étaient gravées à jamais dans sa mémoire. Il lui obéit donc et retourna au combat. Sur les dix vampires présents à son arrivée, deux étaient hors d'état de nuire, un était blessé mais semblait déjà cicatriser, les sept autres étaient encore debout, mais tremblaient. Il ne savait pas ce qui les effrayait et n'était pas assez prétentieux pour croire que c'était lui qu'ils craignaient ainsi. Il les jaugèrent quelques minutes s'attendant à ce qu'ils attaquent de nouveau, mais ils n'en firent rien.

_ Qu'avez-vous ? hurla soudain l'une d'entre eux. Craignez-vous quelques lycans ?

Personne ne lui répondit. Ils fixaient tous un point dans le dos d'Olivier. Curieux, il se décida à tourner la tête. Il vit, accroupis près de Galatea, Elena, Géraldine, une autre jeune femme et deux hommes qu'il ne connaissait pas. Aucun d'entre eux ne faisait attention aux buveurs de sang. Ils étaient tous préoccupés par l'état de la princesse. Soudain, il croisa un regard améthyste pleins d'appréhension. Il y lut une multitude d'émotions qui le dérouta.

_ Attention ! cria cette dernière à son encontre.

Il était trop tard. Il sentit deux blocs de glaces le percuter de pleins fouet et le jeter à terre. La douleur fut fulgurante, mais il serra les dents. L'alpha tenta de se relever, mais n'y parvint pas. Sa patte arrière gauche était cassée.

_ Luciano, il faut aller l'aider, cria encore la même voix. Je sens sa douleur et son désarroi.

Olivier tenta encore de se relever et la douleur le cloua une nouvelle fois sur place. Un cri de douleur sortit des lèvres de la jeune femme au regard améthyste. Il ne comprit pas pourquoi. Elle n'avait pas été attaquée et semblait en pleine forme.

_ Luciano, gémit-elle encore en s'écroulant au sol.

_ Merde ! jura un des deux hommes qui la rattrapa avant que sa tête ne se cogne contre le bitume. C'est trop pour elle. Il faut se tirer de là et plus vite que ça.

_ Vous ne vous en sortirez pas facilement, dit calmement la voix de la suceuse de sang. Mon maître ne vous laissera jamais vous en sortir. Nous somme plus forts et bien plus entraînés que les vampires de votre monde. Nous viendrons à bout de vous tous et même du sang impur.

Elle se déplaça à toute vitesse pour se retrouver face à l'homme qui venait de parler. Elle le fixa longuement avant de se jeter sur lui. Il tenait toujours la jeune femme sans connaissance entre ses bras, ce qui ne l'empêcha pourtant pas d'esquiver l'attaque avec une facilité déconcertante. Il nargua l'autre de son regard ironique qui glaça le sang d'Olivier. Ses iris venaient de virer au rouge pourtant son aura, elle, était la même. Les vampires changeaient d'aura quand leur nature première prenait le dessus. Contrairement aux lycans, ils n'avaient pas de modifications majeures de leur physique si ce n'était la couleur de leurs iris et une aura de danger. L'homme qui se battait maintenant contre la vampire respirait une force tranquille et insolente que seule la couleur de ses iris pouvait attribuer à sa nature vampirique.

_ Sebastian ! ordonna l'autre homme du petit groupe nouvellement arrivé. Cesse donc tes gamineries ! Il faut soigner Galatea et éloigner Iria d'ici.

Avec un petit grognement de mécontentement, le dénommé Sebastian déposa Iria à ses pieds avant de se jeter sur la buveuse de sang.

_ Icrem erto asio ut ecte enosirpe los elec.

_ Est-ce là le sort que tu as utilisé contre Galatea ? ricana-t-il en dardant un regard moqueur sur la jeune femme. C'est de la magie de bas étage. Esirme noted io ervilé te xio ametouc los o1.

Sebastian fit un saut par dessus la tête de la vampire médusée tandis que les autres suceurs de sang prenaient la fuite.

_ Laisse-moi te montrer ce que c'est que la vraie magie, ma belle ! Je vais même t'accorder un autre privilège. Je vais jeter ce sort à haute et intelligible voix. Imenne nomed sapel suos ervou erre alec, erfoug ec nad essou al nev elec te elur y uef elec2.

Sidéré, Olivier vit une lumière rouge sortir des mains tendues de Sebastian. Devant la vampire, le sol s'ouvrit dans un craquement assourdissant avant que le vent ne se lève et ne couvre par ses mugissements ce bruit sinistre. Il vit alors plusieurs flammes sortirent du gouffre qui venait d'apparaître et une bourrasque de vent y pousser la suceuse de sang. Le cri qu'elle poussa lorsque les flammes léchèrent son corps fit tressaillir son âme, mais pas autant que celui d'Iria. Puis, sans prévenir, le sol se referma et le cri de la jeune femme aux yeux améthyste cessa. Elle sombra dans l'inconscience une nouvelle fois tandis que tous se dirigeaient vers Galatea qui venait de remuer.

_ Olivier, tout va bien ?

La douce voix de sa sœur le fit sursauter. Il reprit sa forme humaine et la serra tout contre lui. Elle lui passa les vêtements qu'il lui avait remis avant sa métamorphose. Une fois décent, il se précipita en claudiquant et en serrant les dents sous le coup de la douleur jusqu'à Galatea. La jeune femme était toujours inconsciente, mais respirait encore. Dieu, merci !

_ Nous ne pouvons pas rester ici, déclara Sebastian. Ils vont revenir avec des renforts. Je m'occupe des soins les plus urgents pour Galatea et ensuite on file d'ici.

Tous acquiescèrent en silence, heureux de laisser Sebastian décider à leur place. Dans son coin, Luciano sourit affectueusement. Son neveu avait bien l'étoffe d'un Melgrove. Son combat contre la vampire le lui avait confirmé. Rien en le sang impur ne dénotait. Il avait tout de l'élu dont parlait la prophétie. Un regard sur le corps inerte à son côté, le fit grimacer. Iria, par contre, devait encore prendre en indépendance pour pouvoir accomplir sa mission. Mais le roi ne s'inquiétait pas. Elle avait prouvé qu'elle était capable de se défendre. De toute manière, la prophétie n'incluait pas son intervention en tant que combattante. Non, l'oracle avait parlé d'une mission bien précise et bien plus dangereuse qu'une guerre contre une armée de vampires assoiffés de sang frais.

1 O sol écoute ma voix et délivre moi de ton emprise

2 Que la terre s'ouvre sous les pas de mon ennemie, que le vent la pousse dans ce gouffre et que le feu l'y brûle

 

Anetamara (43)

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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 12:49

 

Anetamara (40)

 

 

Luciano se tenait debout sur le toit du loft. Un mauvais pressentiment l'avait attiré là. Le départ précipité de Tara avait provoqué en lui une peur panique, mais surtout un grand besoin de s'isoler. À Lyderem ou à Oroméo, dans ces moments où une décision importante devait être prise, il avait pour coutume de s'isoler dans la plus haute tour du château. La paix qui y régnait lui permettait d'éclaircir ses idées. Mais il devait le reconnaître, ce qui l'aider réellement à prendre sa décision, c'était les conseils avisés de Maribelle. De ses deux sœurs, c'était celle qui s'était toujours sentie concernée par les problèmes du royaume, mais surtout, de la fratrie, c'était elle qui était la plus réfléchie. Le roi ferma les yeux, adressant une prière silencieuse à Garvalf pour qu'il veille sur Maribelle. La princesse avait-elle su convaincre leur voisin de lui accorder asile et protection ? Il adressa également une prière pour Tara. La savoir retenue prisonnière par Elisabelle le mettait hors de lui. Il n'avait qu'une envie, repasser la Merkaba sans attendre et la délivrer comme le reste de son peuple. Mais il ne pouvait agir aussi inconsidérablement, ce serait mettre en danger les vies dont il avait la charge. Il devait ramener les sang impurs au royaume pour qu'ils accomplissent la prophétie.

Un changement dans l'atmosphère interrompit ses pensées. L'aura de Galatea venait d'augmenter, signe qu'elle avait pris sa forme lycanne. Cela n'augurait rien de bon. Il connaissait bien sa sœur et malgré les siècles de séparation, il savait qu'elle ne se serait jamais permise de se métamorphoser sans raison valable. Et la seule raison, se dit-il en scrutant l'horizon, ne pouvait être que cette troupe de vampires qui se dirigeait rapidement vers le lieu où il se trouvait. Il vit avec appréhension un petit détachement se diriger vers le sud. Galatea devait se trouver là-bas. Ce qui l'inquiéta ce n'était pas ce petit détachement qui courrait vers sa sœur, mais bien la troupe d'une trentaine de vampires qui avançaient inexorablement vers eux.

_ Ils viennent pour nous.

La voix basse et calme de Sebastian le fit sursauter. Distrait par les suceurs de sang, il n'avait pas entendu son neveu approché. Il se retourna lentement et posa un regard interrogateur sur ce dernier. Sebastian ne se donna pas la peine de répondre à sa question muette. L'aura de sa mère l'avait attiré là, mais pas seulement cela. Il venait de vivre l'expérience la plus déroutante de sa vie.

_ Ils sont nombreux, dit simplement le roi. Cela ne va pas être facile de leur échapper sans faire un carnage.

Le sourire qui étira lentement ses lèvres indiqua au sang impur qu'il se réjouissait de pouvoir se battre contre quelques vampires. Sebastian, lui, ne pensait pas non plus à s'enfuir, mais il avait en horreur la violence. Il ne l'utilisait qu'avec parcimonie.

_ On devrait partir avant leur arrivée, dit-il, se surprenant lui-même.

_ Fuir n'est pas digne d'un roi et encore moins d'un Melgrove.

_ C'est pourtant bien ce que tu as fait pour venir jusqu'ici.

_ Je n'ai pas fui, Sebastian. J'avais une mission à accomplir. Te retrouver et te ramener dans nôtre monde.

La voix calme du roi ne trompa pas Sebastian. Il avait assez entendu sa mère lui parler de cet homme pour connaître ses différentes réactions. En ce moment, son calme caché une colère causée par l'insolence de son neveu. Cela n'inquiéta pourtant pas le jeune homme et il continua son échange avec son oncle.

_ Cette mission ne trouvera pas de fin. Tu m'as obligé à m'exiler. Je ne retournerai pas dans ton monde, même sous la contrainte.

_ Ton im...

_ Luciano !

Le cri d'Iria déchira le semblant de calme de cette nuit à Manhattan. Luciano eut soudain tous ses sens en alerte. Il fit un mouvement pour se précipiter dans la cage d'escalier, mais Sebastian lui coupa la route.

_ Elle n'a rien, dit-il simplement. Elle ne s'est même pas réveillée. Elle lutte contre le charme que je lui ai lancé et je dois avouer qu'elle est plutôt douée.

_ Pourquoi hurle-t-elle mon nom ?

_ T'attends-tu à une réponse ?

_ Sebastian, cesse de jouer avec ma patience !

Luciano hurla plus fort qu'il ne le voulait réellement, mais tout ce qui concernait Iria le toucher directement. Il se sentait responsable d'elle et n'aimait pas se sentir impuissant face à ce qui lui arrivait. Son attitude, d'ailleurs, était une preuve flagrante pour son neveu que le roi avait acquis en douceur ces deux derniers siècles.

_ Tu n'as pas à t'inquiéter. Ta petite protégée a seulement fait un cauchemar.

_ Comment le sais-tu ? Tu dois absolument la réveiller.

_ Suis-je censé t'obéir comme les toutous de ta meute ?

Luciano se contenta de gronder dangereusement. Il sentait que sa patience était à bout. Son neveu s'amusait de son inquiétude et il n'avait aucun moyen d'user de son pouvoir d'alpha pour changer tout ça. Sebastian en était bien conscient, ce qui le fit sourire encore une fois. Bizarrement, remarqua le roi, ce sourire n'avait rien de chaleureux. Il était froid, presque mauvais. On pouvait y lire toute la souffrance d'une enfance volée. Non, pas d'une enfance, mais d'une partie entière de ce membre de sa famille. De l'héritier au trône. Les coutumes anetamariennes étaient claires là dessus, le premier né de la famille royale hérité du trône, même s'il n'était pas le fils ou la fille du roi en titre. Oroméo et le royaume d'Anetamara appartenait donc à ce petit morveux qui s'obstinait à lui tenir tête.

_ Je n'attends pas de toi l'obéissance, Sebastian. Après tout, tu es mon successeur et, de ce fait, tu te dois d'être ton seul maître. Mais sache que les rêves d'Iria sont en réalité des visions.

_ Je le sais, répondit laconiquement le sang impur.

_ Alors, pourquoi refuser de la réveiller ? Est-ce seulement pour me contrarier ?

_ Bien sûr que non ! explosa Sebastian, presque malgré lui. Je sais ce que contient cette vision.

Une fois de plus, le visage du roi se mua en une mimique représentant la surprise.

_ Le lien qui nous unit a des effets secondaires non souhaités. Je viens d'assister à cette vision comme si je me trouvais moi-même auprès de Galatea à l'instant.

Le roi nota une fois encore que son neveu avait nommé sa mère par son prénom. Que cet enfant avait du être blessé par lui. Pourrait-il seulement lui pardonner un jour ?

_ Raconte-moi ! ordonna-t-il d'une voix brusque, dérangé par cet élan d'affection pour celui là même qu'il avait renié auparavant.

À contre cœur, Sebastian raconta le rêve de la sorcière, n'omettant aucun détail. Il garda, cependant, sous silence les sensations ressenties lors de cette expérience. Il s'était senti aspiré par l'esprit d'Iria pour se retrouver face à cette vision. Il avait tour à tour ressenti l'espoir, la crainte, la colère, puis l'inquiétude chez sa mère, avant de ressentir la peur et l'impuissance de la sorcière. Il avait pu échapper à la vision qu'au moment où Iria relâcha son esprit. Et dire qu'il n'était même pas dans le loft à ce moment-là. Il se trouvait à dix minutes de là, à l'entrée de l'hôpital où il avait laissé sa maîtresse. Sebastian avait bu trop de son sang et le cœur de la jeune femme battait étrangement. Inquiet, il avait préféré la laisser au soin des médecins. La vision à laquelle il assista impuissant l'avait complètement anéanti. Lui qui pouvait se vanter que rien, non rien, ne pouvait venir à bout de sa force physique, s'était retrouvé recroquevillé sur lui-même dans une ruelle sombre, terrassé par une douleur inconnue. La connexion qui le liait à Iria, lors de la vision, avait partagé avec lui son don d'empathie. Outre les émotions de sa mère et de la jeune femme, il avait ressenti les émotions de tout ceux qui se trouvaient dans un périmètre de cent mètres.

_ Il faut aller secourir Galatea, lança Luciano à la fin de son récit.

_ J'y ai déjà songé, mais un problème se pose. Que faire de ta protégé et d'Elena ? L'une comme l'autre ne nous serait d'aucune utilité dans notre plan de sauvetage et les laisser seules ici ou ailleurs serait les condamner à mort.

_ Ne sous-estime les talents de combat au corps à corps d'Elena et encore moins l'instinct de survie d'Iria. Elles te surprendraient l'une comme l'autre. Mais je suis d'accord avec toi, il serait préférable de les mettre à l'écart concernant le sauvetage de Galatea.

_ Cela ne va pas être possible, gronda la voix cristalline d'Elena. Je vous accompagne.

_ Moi aussi, surenchérit Iria d'une voix faible.

Les deux hommes les regardèrent médusés. Luciano se précipita vers Iria qui tenait à peine debout. Elena la soutenait tant bien que mal, mais elle était aussi faible que la jeune femme.

_ Iria m'a raconté sa vision, dit tranquillement la princesse des vampires. Et nous sommes d'accord sur un fait : la force physique ne suffira pas face aux vampires qui viennent à notre rencontre. Il vous faudra compter sur mes capacités intellectuelles et sur la magie d'Iria.

_ Je refuse, tonna Luciano d'une voix implacable. Vous fuirez pendant que Sebastian et moi secourront Galatea.

Appuyée contre son épaule, Iria releva la tête pour lui faire face. Le légendaire roi sursauta quand les magnifiques iris couleur améthyste se plongèrent dans les siens.

_ Sebastian n'est pas d'accord avec toi.

L'interpellé sursauta à cette affirmation. Son oncle, que la magie n'étonnait presque plus, ne doutait pas des paroles de sa jeune amie. Il pouvait le voir dans son regard interrogateur.

_ On devrait y aller ensemble, dit-il tout simplement. Les laisser derrière nous handicaperait plus que des les avoir sous nos yeux. Tu ne pourra pas t'empêcher de t'inquiéter pour elles, alors que si elles viennent, tu pourra les protéger pendant que je sauverai ta sœur.

Le roi sursauta à cette annonce, mais il ne contredit pas son neveu. Il avait raison. Il ne serait pas tranquille s'il devait laisser la fille de Tara derrière lui.

 

Anetamara (42)

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 21:33

Anetamara (39)

 

 

 

                              Chapitre 9 : Séparations

 

 

 

Galatea ne pouvait s'empêcher de tourner en rond. Elle pouvait sentir la présence de son fils à quelques kilomètres seulement d'elle, mais ne pouvait le rejoindre. Elena le lui avait interdit. Son amie avait eu une idée judicieuse en l'obligeant à rester ici. Elle avait décrété que Sebastian se laisserait plus facilement approcher par une personne qu'il ne connaissait pas que par sa mère qu'il fuyait depuis deux siècles déjà. Certes, Galatea était d'accord avec elle, mais cela lui semblait cruel de rester aussi loin de son fils alors qu'il étais finalement si proche.

La louve s'arrêta soudain dans son va et vient. Une aura particulière s'était matérialisée près de l'endroit où se trouvait son fils. Elle se concentra pour déterminer l'identité du nouveau venu et réalisa qu'il s'agissait de son frère. Non ! C'était impossible ! Que faisait-il là ? Une autre personne l'accompagnait. Son cœur se serra en songeant que peut-être Luciano et Tara se tenaient là tout près de son fils et loin d'elle. Mût par un désir de les rejoindre, elle fit quelques pas dans la direction qu'avait emprunté la princesse des vampires quelques heures plus tôt. Un changement dans l'atmosphère tranquille qui l'entourait l'arrêta net dans ses mouvements. Quelque chose n'allait pas. Le lycan sommeillant en elle se réveilla pour l'alerter d'un danger. Elle concentra tout son attention sur ce qui se passait autour d'elle pour détecter d'où arriverait le danger, mais la nuit paisible du début se réinstalla. Peut-être avait-elle rêvé cet instant qui l'avait mise sur ses gardes.

Reconcentrant son attention sur ce qui se passait à l’autre bout de la ville, elle se rendit compte que les êtres qui lui étaient le plus chers s’étaient mis en mouvement. Galatea leur laissa s’éloigner suffisamment avant de se mettre à son tour en route. Elle ne fit que quelques mètres avant de s’arrêter net. La même aura de danger venait de lui hérisser le poil. Elle tourna sur elle-même pour scruter les environs, mais ne vit rien. Devait-elle pour autant se fier à ses sens ou à son intuition ? Dans les deux cas, elle devait se dépêcher de faire un choix car la petite troupe composée de deux des membres de sa famille s’éloignait rapidement d’elle. La jeune louve prit, cependant, le parti de suivre son instinct. Elle ferma les yeux, laissant sa nature lupine prendre le dessus sur sa forme humaine. Quand elle les rouvrit, sa vision était poussée à ses extrêmes. Ainsi, elle pouvait voir à plus de cinq kilomètres. Son odorat et son ouïe aussi étaient en alerte. Son nez frémit avant le reste de ses organes liés aux cinq sens. Là, à six kilomètres environ à l’est, elle avait repérer des vampires en mouvement. C’était une chose normale dans cette partie du monde. Les vampires proliféraient aux États-Unis, royaume des sérials killers en tout genre. Mais leur nombre était anormal. Les suceurs de sans n'avaient pas pour habitude de se déplacer en meute comme les lycans. Un groupe de trois ou quatre vampires, d'accord, mais une petite armée de vingt immortels n'avait rien de commun.

La bête en elle se mit à gronder silencieusement. Il n'était pas normal de voir tout un attroupement de vampires le jour où elle retrouvait son fils et son frère. Tout cela ne pouvait être qu'une coïncidence. N'écoutant que son instinct de louve, elle se dirigea rapidement vers l'est, vers là même où le danger se profilait. Au bout de dix minutes à peine, elle était assez proche d'eux pour qu'ils sentent sa présence. C'est pourquoi, elle décida de changer de direction pour les prendre à revers, ou du moins les suivre sans être repérée.

_ Mais où vont-ils à ce rythme ? souffla-t-elle au bout de quelques minutes, se rendant compte qu'ils forçaient de plus en plus l'allure.

Sa forme humaine commençait à la gêner. Elle la ralentissait et elle rêvait de pouvoir prendre sa forme lupine, mais si elle le faisait, elle courait le risque de se faire repérer. Au moment où la troupe força de nouveau l'allure, la distançant encore plus, son échine se hérissa. Sans rien comprendre, un vampire s'abattit sur elle, lui faisant mordre la poussière.

_ Une louve qui s'amuse à nous suivre, ricana-t-il d'une voix gutturale. Le maître nous l'avait prédit.

Sous lui, Galatea se débattait pour tenter de se libérer, mais rien n'y faisait. Le vampire l'écrasait de son corps de glace.

_ Inutile ma jolie ! Je fais trois fois ton poids et tout le monde sait que les lycans ne sont rien face à un vampire.

_ Je le sais bien, souffla-t-elle entre ses dents, plus pour elle même au pour son agresseur. Mais je ne suis pas n'importe quel lycan.

En finissant sa phrase, la princesse Galatea se métamorphosa en loup-garou, se libérant du vampire. Ce dernier, en volant dans les airs, poussa un cri de rage qui alerta le reste de la troupe. Galatea n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qu'un petit détachement se dirigeait vers elle, le reste de la troupe poursuivant son chemin. Elle poussa un grondement de frustration. Pourquoi fallait-il que justement ce jour-là des vampires s'en prennent à elle ? Sans plus réfléchir d'avantage, elle s'engouffra dans une ruelle sombre en reprenant sa forme humaine et se mit à courir aussi vite que possible pour mettre de la distance entre elle et ses pour suivants. Malheureusement, elle devait par là même mettre s'éloignait de son fils et de son frère.

_ Quelle petite garce ! s'exclama le vampire qui peinait pour se relever de sa chute. Où crois-tu aller comme ça, ma belle ? Nous sommes plus rapides que toi et nous te tuerons en même temps que ton fils.

Le suceur savait que même s'il n'avait fait que murmurer ces paroles, la louve les avaient entendu. Il avait entendu ses pas ralentirent à l'annonce de la menace. Il en profita pour se lancer à sa poursuite. Il ne fut pas surpris de retrouver la jeune femme en position de combat dans une petite aire de repos à l'abri des regards indiscrets.

_ C'était donc ça ! Tu voulais seulement te cacher des humains. Tu es aussi brave que nous l'avait dit le maître.

Galatea arqua ses jolies sourcils dans un questionnement muet. Se pourrait-il que ce subalterne face à l'allusion au vampire de son monde.

_ Qu'y a-t-il, ma jolie ? Tu veux savoir de qui je parle ? Tu le sais aussi bien que moi.

Galatea ferma alors les yeux pour adresser une prière silencieuse à Garvalf, dieu protecteur de sa communauté dans l'autre monde. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait prié, mais il lui fallait sa protection si elle devait affronter de nouveau celui là même qui avait ruiner sa vie si prometteuse.

_ C'est donc là la princesse Galatea ? entendit-elle chuchoter.

Elle avait senti la présence féminine qui se tenait à l'instant tout prêt d'elle. Elle ne prit pas la peine d'ouvrir les yeux. Cinq vampires avaient rejoins le premier. Un autre détachement de cinq suceurs de sang se dirigeait lentement vers eux. Elle se savait encerclée par ses ennemies de toujours et n'était nullement effrayée. Que pouvait-il lui arriver de pire que d'être poursuivi par ce vampire maudit par la folie ?

_ Que croyez-vous ? tonna-t-elle, en dardant sur chacun d'entre eux son regard caramel assombri par la rage. Qu'une princesse d'Anetamara puise craindre une horde de vampires de bas étage ? Je peux tous vous tuer et ce sans aucune difficulté.

_ Ce ne sont que des paroles, princesse. Notre maître nous a déjà dit tout ce que nous devions savoir sur toi et tes semblables. Nous viendrons facilement à bout de toi et de tous les autres, pas comme ces incapables de Lille.

Un long ricanement s'échappa de la gorge de Galatea. La grande brune élancée à ses côtés, pensait-elle réellement qu'elle était effrayée ? Certes, elle était un peu rouillée, mais elle restait quand même une descendante du dieu Garvalf et ne pouvait craindre un vampire créé par un autre. Sans plus attendre, elle se métamorphosa une nouvelle fois et se jeta à la gorge de la femme. Cette dernière l'esquiva sans aucun problème et se lança à son tour sur la louve. Galatea ne fit aucun geste pour l'esquiver. Une seule chose l'obsédée, tuer ce vampire de seconde zone. Elle vit comme au ralentit la femme se jeter sur son flanc gauche, d'une patte elle l'écarta sans mal. Elle laissa échappé un ricanement qui ressemblait plus à un feulement.

_ Je dois reconnaître que tu es plus rapide que les lycans de nôtre monde, mais rien ne nous empêchera de venir à bout de toi, petite peste.

_ Arrête donc de papoter avec cette chienne, Daisy ! Nôtre mission est de la ramener seine et sauve auprès du maître et non de sympathiser avec elle.

_ Ne me parle pas sur ce ton, Michel ! cria la dénommée Daisy. Nous n'avons qu'une mission, s'assurer de la sécurité du maître et pour ce faire, seule la mort de cette louve pourra me satisfaire.

Accompagnant ses mots, le vampire sortit ses crocs et avança lentement vers Galatea. Cette dernière se mit à gronder dans un avertissement, puis se jeta sur Daisy. Une fois de plus, elle évita m'attaque en se jetant à plat ventre sur le côté gauche. La louve ne s'arrêta pourtant pas pour reprendre son attaque. Elle sauta à la gorge du dénommé Michel et le décapita d'un coup de mâchoire, puis engloutit sa tête. Dégustant avec dégoût sa proie, elle donna un coup de patte à un autre assaillant. Celui là même qui l'avait attaquée en premier. Il accusa le coup, mais en fut ébranlé. La louve se jeta alors sur lui et l'écrasa de son corps. Une fois victime immobilisée, elle lui dévora la tête. Le reste de son corps, comme pour le premier vampire, s'envola dans un nuage de poussière.

Plus que trois se dit la princesse. Elle se tourna vers les autres et s'apprêta à attaquer quand elle entendit une incantation dans son dos.

_ Icrem erto asio ut ecte enosirpe los elec1.

Le saut que Galatea s'apprêtait à faire ne vint pas même si elle banda au maximum ses muscles. Folle de rage, elle lança un cri de colère vers Daisy.

_ Notre maître a enseigné à certains d'entre nous la magie de ton mode. Ici aussi nous avons nos mages qui ne demandaient qu'à être formés. J'en suis une, en plus d'être vampire. Tu auras beau te débattre, tu ne pourras pas m'échapper. Ta mort est proche, lycan.

Impuissante, Galatea vit les trois vampires s'élancer vers elle, en même temps que leurs compagnons les rejoignaient. Elle sentit une première morsure sur patte avant droite, puis une autre dans son flanc gauche et la troisième, celle de Daisy, dans son cou au niveau de la clavicule. Elle entendit le bruit de sang qu'on aspirait. Elle ferma les yeux pour prier le ciel qu'on lui vienne en aide, mais se sentait de plus en plus faible. La vie la quittait petit à petit.

 

 

1Que le sol t'emprisonne et que tu sois à nôtre merci.

 

 

 

Anetamara (41)

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 08:59

Anetamara (38)  

 

 

 

 

Iria était toujours plongée dans une semi inconscience troublée par des émotions qu'elle savait ne pas être siennes. Ces passages de la colère à de l'enthousiasme, ou encore de la peur à la douleur presque physique n'avaient de cesse de l'épuiser. A l'instant, la joie gonflait son cœur et maintenant la peur l'étreignait. Ce sentiment semblait envahir chaque centimètre de son corps. La jeune femme semblait étouffer tant elle avait peur. Sa respiration s'accéléra et elle se mit à s'agiter. La peur arriva à son paroxysme, si bien qu'elle se redressa dans le canapé en hurlant le nom de Luciano. Ce dernier le rejoignit en une fraction de seconde, mais Sebastian prompt que lui. Il prit délicatement entre ses bras la jeune femme tremblante. Iria avait les yeux fermés, si bien qu'elle ne réalisa pas immédiatement qu'il ne s'agissait pas de son roi. Et même quant elle le comprit, elle ne quitta pas la douceur rassurante de ce corps d'homme.

_ Calme-toi ! lui murmurait-il à l'oreille. Tu n'as rien à craindre ici. Tu es en sécurité.

Iria entendait parfaitement la voix du vampire de son rêve, mais elle n'arrivait pas à se calmer. Elle avait toujours aussi peur. Conscient qu'il ne servait à rien de réconforter la jeune femme, Sebastian décida de la plonger dans le même sommeil que son amante. Malgré tous ses efforts, la magicienne était encore éveillée, il fit alors ce qu'il n'avait encore jamais fait auparavant, il dit à haute voix un sortilège : « Ever nas liemos nua rela oit essia te ecreb et uic oix a neten.1 ». Il sentit alors le corps tout en rondeur s'affaisser contre le sien. Il l'allongea sur le canapé et la couvrit d'un plaid couleur ivoire.

_ C'est..., c'est..., bégaya Tara.

_ Oui, c'est elle.

Une joie immense gonfla alors le cœur de la gardienne. Elle voyait pour la première fois le fruit de ses entrailles. Elle avait la même chevelure flamboyante que Lahav. Sa fille se trouvait là, sous yeux, alors qu'elle même se trouvait dans un autre monde.

_ Je ne comprends pas ce qui lui arrive, déclara soudain Luciano. Elle n'avait pas ce genre de réaction quand nous traversions les bois d'Anetamara.

_ Selon ta brune de vampire, elle a le don d'empathie. Cela se développe à l'adolescence chez les sorcières.

_ C'est donc anormal qu'elle ne le développe que maintenant. Iria n'est plus une adolescente depuis longtemps.

_ C'est bien pire que ça, dit Tara. J'ai fait une erreur pendant ma grossesse. J'ai voulu communiquer avec Galatea par magie, mais ma mauvaise connaissance de l'ancien langage a eu pour résultat de lier à jamais mon enfant au sien. Ma fille peut voir, entendre et sentir les mêmes choses que ce Sebastian et ce, quelque soit la distance qui les sépare.

_ Mais elle ressent les émotions de nous tous, objecta le roi.

_ C'est ce que j'ai cru comprendre. Je ne sais pas pourquoi, mais je suppose que cela est dû au fait qu'ils soient tous les deux réunis dans le même monde.

Sebastian écoutait attentivement, cherchant à retrouver le sort utilisé par la gardienne, mais rien ne lui vint. Aucune magie ne pouvait lié deux personnes, sauf s'il s'agissait d'un sort liant deux âmes, mais même là cela devenait impossibles si les deux personnes ne se connaissaient pas déjà.

_ Quel sort as-tu utilisé ? demanda-t-il d'un ton bourru.

_ Je ne me souviens pas exactement des mots car j'ai inventé l'incantation.

Sebastian la foudroya du regard. Il avait horreur de ces apprentis magiciens qui faisait un mauvais usage de la magie.

_ Ton inconscience me sidérera toujours, Tara, déclara soudain Luciano. Comment as-tu pu utiliser la magie pendant ta grossesse ? Tu sais mieux que moi les conséquences de son utilisation pour toi.

_ Je n'aurais pas eu à le faire, si tu n'avais pas poussé Galatea à te fuir et par conséquent à m'abandonner.

_ C'est toi qui l'a aidée à fuir. Et...

La dormeuse s'agita dans son sommeil.

_ Calmez-vous ou sortez d'ici ! tonna le sang impur, faisant sursauter les deux autres. Elle ne supportera pas longtemps ces éclats d'émotion.

Voyant les autre calmés, Sebastian tourna son regard vers le corps inerte d'Elena. La jeune fille semblait morte.

_ Végétarienne ou pas, déclara-t-il pour lui-même, elle boira ce qu'on lui donnera.

À grands pas, il se dirigea vers sa chambre. Gwendoline dormait toujours. Après avoir vérifier que son corps s'était régénéré en sang, il entreprit de lui ouvrir les veines. Le sang s'écoula alors à une rapidité époustouflante dans le verre à pied qu'il avait pris avec lui, réveillant par la même occasion son côté vampire. Il dut faire appel à sa nature lupine pour endiguer sa faim soudaine, puis à sa nature magique pour arrêter le flot de sang. Il sortit précipitamment de la pièce et aida Elena à boire le nectar rouge. Elle l'engloutit d'une seule traite et reprit immédiatement un peu de couleur, du moins autant que le pouvait un vampire.

_ Maintenant nous pouvons nous occuper de la gardienne, déclara-t-il aux deux autres. Pourquoi as-tu utilisé la projection astrale pour venir jusqu'ici ?

Tara sursauta. Comment pouvait-il être au courant ? Comment avait-il compris ?

_ De quoi parle-t-il ? interrogea Luciano toujours aussi perdu dès qu'il s'agissait de magie.

Tara ne répondit rien. Elle fixa son regard améthyste dans celui noir de Sebastian.

_ Tu n'as pas d'odeur, ni d'aura, Tara. Ce n'était pas compliqué de deviner pourquoi. Ce que je ne comprends c'est ce qui t'a poussé à faire ça.

_ Je n'ai pas eu le choix. Luciano, ce que j'ai à dire risque de te mettre en colère, mais je ne veux pas que tu essais de revenir à Anetamara pour régler ce problème, OK ?

_ Parle, Tara ! Et explique-moi ce que c'est que la projection astrale !

Prenant une longue inspiration, la gardienne tenta de se rassurer avant de parler.

_ Je suis maintenue prisonnière dans les oubliettes de Lyderem, enfin je suppose, pas la reine Elisabelle. Elle projette de changer le royaume, mais les autres gardiennes et certains Anetamariens pensent qu'elle a l'ambition toute la planète et les autres aussi peut-être.

_ C'est insensé, la coupa le roi. Elisabelle ne ferait jamais une chose pareille. Elle n'a pas la carrure d'un dictateur démagogique.

_ C'est vrai qu'elle n'est pas comme ça, mais le vampire qui la guide, oui.

_ Un vampire, lequel ?

Sans répondre, Tara tourna son regard vers Sebastian. Ce dernier comprit immédiatement où elle voulait en venir. Leur ennemi n'était pas une reine rêvant de plus de pouvoir, mais bien un être sanguinaire qu'il avait déjà rencontré par le passé.

Luciano ne comprit pas immédiatement à qui faisait allusion son amie, mais quand il vit le visage de son neveu blêmir, il sut. Il lut la même peur dans les iris violet et ceux noir de deux des êtres qui comptaient le plus pour lui.

_ Je sens le pouvoir des gardiennes faiblir, énonça soudain Tara d'une voix chevrotante. Je vais devoir partir, mais avant, vous devez m'écouter. Vous devez faire attention à celui qui se trouve ici et revenir au plus vite à Anetamara. N'empruntez pas la porte. La fille vous aidera à y retourner par un autre moyen. Et...

La gardienne n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'elle se sentit happer par un trou noir. Elle sentit à nouveau l'air froid et humide de son cachot, le brouillard enferma encore son cerveau et le sommeil l'emporta loin des tracasseries de son quotidien.



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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 08:44

Anetamara (37)

 

 

 

Sebastian entendit frapper à sa porte, mais ne réagit pas. Il était comme amorphe depuis sa rencontre avec son passé dans les rues illuminées de Manhattan. Il y avait mené ses visiteurs anetamariens aussi discrètement que possible jusqu'à son loft. La tâche ne fut pas facile. Malgré la rapidité avec laquelle ils s'étaient déplacés et l'heure tardive, des passants les avaient vu et ils avaient sûrement trouvé bizarrement de voir le petit convoi avec lui en tête portant une frêle silhouette. Il pouvait sentir la bête en lui bouillir d'impatience à l'idée de pouvoir se manifester et témoigner sa rancœur à son alpha d'oncle.

Un gémissement de douleur venant du canapé de son salon le fit sursauter. La magicienne avait ressenti sa rage. Comment diable se pouvait-il qu'elle puisse ressentir la moindre émotion de ceux proche d'elle à moins d'un kilomètre ?

_ Quelle malédiction ! s'écria Luciano.

Les traits tirés, le regard inquiet, il avait tout du patriarche se souciant de la santé de ses enfants. Sebastian eut un sourire ironique. Comme si cet homme sans cœur pouvait un jour ressentir de la compassion pour un autre que lui.

Les coups à la porte redoublèrent d'intensité. Cette fois-ci, le jeune Melgrove réagit. Humant l'air, il tenta de deviner la nature de celui qui se trouvait derrière la lourde porte blindée. Son oncle eut la même réaction que lui. Leurs muscles se tendirent à l'extrême alors qu'ils réalisaient que l'intrus n'avait ni odeur, ni aura.

_ Tu ne devrais peut-être pas ouvrir ! ordonna Luciano à Sebastian en le voyant se diriger vers la porte.

Lentement, Sebastian lui adressa l'un de ses plus mauvais regards. Il n'avait d'ordre à recevoir de personne et surtout pas d'un alpha qui n'avait aucun pouvoir sur lui.

_ Luciano !? Que se passe-t-il ? interrogea la brune venue d'Anetamara.

Sebastian posa un regard froid sur elle. Il avait presque oublié sa présence. Sa pâleur l'intrigua. Il avait l'habitude de la peau translucide des vampires, mais là c'était anormal. La couleur de ses yeux aussi était étrange. Ils avaient noircis alors que, plus tôt, ils étaient émeraude. Il pouvait y déceler des éclats rubis. Le sang impur connaissait bien cette anomalie propre aux vampires. Lui-même avait fait l'expérience de la soif à ses débuts. La jeune adolescente était en train de mourir de faim. Bientôt son instinct de vampire prendrait le dessus et elle deviendrait incontrôlable.

_ Tu devrais te préoccuper de ton amie, lycan. Il me semble qu'elle n'a pas bu de sang depuis longtemps. Il y a une charmante humaine dans la pièce au fond. Je ne vois pas d'inconvénient à partager mon repas avec elle.

Le regard écœuré de ses deux invités le fit sourire. Sans plus se soucier d'eux, il alla ouvrir. Il n'avait aucune crainte de ce qui se trouvait dehors, l'intérieur l'effrayait bien plus.

La main sur la poignée, il entendit de nouveau le gémissement de la sorcière. Il se retourna vivement et vit la buveuse de sang s'écrouler sur le sol en gémissant de douleur.

_ Merde ! jura-t-il en ses dents. Il ne manquait plus que ça !

Sebastian rebroussa chemin et se pencha sur le corps inerte.

_ Qu'a-t-elle ? interrogea son oncle, mort d'inquiétude.

_ Elle est sans force car elle ne s'est pas nourrie depuis trop longtemps, semble-t-il. Ses blessures de sa lutte contre moi n'ont pas cicatriser, elle a donc mal.

D'un geste vif, il souleva la tunique de soie de la jeune fille, découvrant ses côtes. Tout son côté gauche avait bleui.

Les coups à la porte retentirent une nouvelle fois.

_ Un instant ! Rugit Sebastian agacé.

N'écoutant que son instinct de sauveteur professionnel, il se saisit du poignard qui pendait à la ceinture de son oncle et fit une entaille sur son avant-bras. Un fin filet de sang s'échappa immédiatement de la blessure. Il approcha son bras des lèvres blêmes de la jeune vampire quand son oncle l'arrêta.

_ Non ! Nous ne savons pas si ton sang nous est néfaste. En outre, Elena ne se nourrit pas de sang humain.

Un éclair de douleur passa dans les yeux sombres du ténébreux pompier, qu'il réprima bien vite quand il entendit la sorcière gémir à nouveau. Son oncle avait toujours la même opinion le concernant.

_ OK ! Laissons-la agoniser alors et fais en sorte que cela n'affecte pas ta petite protégée !

Il se releva brusquement et ouvrit enfin la porte d'entrée. En voyant la personne qui se trouvait sur son palier, il perdit toute contenance.

Sebastian reconnu immédiatement les beaux yeux améthyste de Tara, la gardienne d'Anetamara. Il ne fut pas étonné de la voir là, son passé semblait vouloir reprendre sa place dans sa vie. Non, il se perdit immédiatement dans ses deux océans violet et son cœur se mit à battre encore plus fort.

Tara eut un sursaut de surprise en se retrouvant face au jeune homme. Sa ressemblance avec la famille Melgrove était frappante. Certes, il avait hérité de la peau dorée de son père, mais ses yeux en amande, sa haute silhouette, ses pommettes larges, ses lèvres pleines et sensuelles étaient la marque de fabrique des mâles du clan des Melgrove. Tout en cet être craint de tous à Anetamara rappelait Luciano, le roi tant aimé des anetamariens.

_ Tara !?

La voix de Luciano sortit la gardienne et le sang impur de leur contemplation. Tara, trop heureuse de retrouver son lycan d'ami, se jeta dans ses bras. Il la réceptionna sans mal et l'entoura de ses puissants bras. La jolie blonde éclata en sanglot. Sentir la force tranquille de cet homme qui était tout pour elle, éloigna la peur qui lui étreignait le cœur.

_ Luciano, je suis si heureuse de trouver enfin ! Si tu savais ce qui se passe dans le royaume en ce moment.

_ Je suis au courant. J'en viens. Mais si tu es heureuse, pourquoi pleures-tu ?

_ Je... J'ai tant de choses à te dire que je ne sais par où commencer.

_ Ne t'inquiète pas maintenant que tu nous as retrouvés, tu as tout ton temps pour nous raconter tes mésaventures.

La main qui caressait la chevelure soyeuse s'arrêta net. Il n'avait pas besoin de voir le visage de son amie pour savoir que quelque chose clochait. Il lui suffisait d'entendre les battements fous de son cœur, sa respiration saccadée et de sentir son corps perdre toute chaleur contre le sien pour savoir qu'elle lui cachait quelque chose. Il se dégagea brutalement d'elle sans qu'elle s'en offusque.

_ Parle, gardienne ! Que se passe-t-il ?

Avec admiration, Sebastian vit Luciano de l'ami affectueux au roi autoritaire, habitué à être obéi de tous.

_ Je ne suis pas réellement là, commença Tara. Enfin, si ! Ce que je veux dire c'est que ce n'est pas vraiment moi.

_ Essais d'être plus claire !

Tara était complètement paniquée. Elle était consciente du peu de temps qu'elle disposait pour exposer les faits au roi. Elle ne pouvait entrer dans les détails et encore moins en omettre car Luciano n'était pas le genre d'homme à se contenter de peu.

 

 

Anetamara (39)

 

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 18:52

Anetamara (36)

 

 

 

 

 

Un vent glacé soufflait à travers des arbres d'une taille moyenne. Le ciel était sombre, on ne pouvait y voir une seule lune ou encore une seule étoile. Pourtant, la nuit, elle, n'était pas sombre. De part et d'autre de la rue que Tara traversait, il y avait de grandes barres de fer qui supportaient une lumière vive et jaune. La jeune femme ne comprit pas toute de suite où elle se trouvait, puis elle se souvint. Elle se trouvait dans l'autre monde. Quel était encore le nom que lui donnait Déborah ? Elle le nommait la Terre.

Tara frissonna. Comment diable était-elle arrivée ici sans avoir passer la Merkaba ? Rêvait-elle ?

_ Non, tu ne rêves pas.

La voix mélodieuse qui lui répondit la fit sursauter. Elle se retourna, mais ne vit personne. Elle continua à chercher Déborah du regard, car c'était sa voix qu'elle venait d'entendre.

_ Je ne suis pas là, Tara. Aurais-tu oublié le lien qui unit les gardiennes ?

_ Non. Que me veux-tu, Déborah ? Pourquoi me parler à travers un rêve ?

_ Tu ne rêves pas. N'as-tu jamais entendu parler de la projection astrale ?

Tara sursauta à nouveau. Elle connaissait ce don que l'on attribuait aux sorcières qui avaient disparues du royaume. Ces personnes avaient la capacité d'envoyer leur âme où bon leur semblait en prononçant trois petits mots dans la langue des anciens, « elartas noitejor al ».

_ OK ! Je sais ce que c'est, ne me prend pas pour une imbécile ! Mais ça ne m'explique pas ce que je fais dans cette rue à parler toute seule.

Le rire suraiguë de son amie résonna à ses oreilles comme une douce mélodie. Son cœur se serra en songeant que cette même amie l'avait trahie il y avait peu de temps.

_ C'est vrai que tu pourrais croiser quelqu'un. Il serait peut-être judicieux de trouver un endroit plus tranquille. En attendant, je te laisse réfléchir à ta venue ici.

La voix avait disparue. Tara s'avança prudemment dans la rue sous le regard inexpressif des personnes qui se trouvaient là. En faisant un tour sur elle-même, elle se rendit compte qu'elle se trouvait dans une sorte de grand jardin où se promenaient des couples ou des personnes âgées avec un animal au bout d'une corde. À petits pas lents, elle s'éloigna des allées les plus fréquentées et les plus éclairées. Au bout de dix minutes, elle trouva une petite tonnelle isolée et peu éclairée. Elle s'y dirigea en appelant mentalement Déborah.

_ Je suis là !

_ Maintenant, dis-moi comment je suis arrivée ici !

_ N'était-ce pas ce que tu voulais ? Ne t'ai-je pas entendu supplié votre déesse de pacotille de t'accorder la chance de pouvoir prévenir Luciano du danger. Et bien vas-y ! Ton roi est dans ce monde et en jolie compagnie. Pour te donner un indice, ses yeux ont la même teinte que les tiens.

Le cœur de la gardienne manqua quelques battements. Avait-elle bien entendue ? Cette amie qui l'avait trahie, venait-elle de lui dire que sa fille se trouvait avec l'homme en qui elle avait placé toute sa confiance ? Devait-elle réellement croire que le seul but de Déborah était de l'aider ?

_ A toi de voir, Tara ! Je ne peux pas le faire pour toi, dit-elle d'un ton moqueur.

_ De quoi parles-tu ?

_ Je ne peux pas décider à ta place de me faire confiance ou pas. Sache juste une chose. Je ne l'aurais jamais fait si ma propre vie n'avait été en danger. Quand tu croiseras à nouveau la route de Galatea, elle pourra te confirmer que cet ennemi que votre royaume s'apprête à affronter, n'est pas de ce qu'on contrarie impunément.

La voix de l'autre gardienne était si emprunte de sincérité que Tara eut tout de suite envie de la croire, mais elle devait rester prudente.

_ Alors pourquoi prendre le risque de m'aider maintenant ? lui demanda-t-elle pour éclaircir ses idées. Car c'est grâce à toi que je suis là, n'est-ce pas ?

_ Oui et grâce à toutes nos sœurs gardiennes. Ma seule magie n'aurait pu suffire. Nous t'aidons pour plusieurs raisons, mais la première est que tu es de nôtre famille, la seule qu'on est jamais connue. Une autre est que ce vampire est une menace pour tous nos peuples et tous nos mondes. Nous devons nous allier pour en venir à bout.

Déborah se tut quelques minutes pour laisser le temps à sa sœur de cœur de comprendre ses paroles.

Tara tournait en rond sous la tonnelle. Elle comprenait parfaitement la crainte de toutes les gardiennes et bon nombre d'entre elles vivaient dans des monde où l'on ignoraient l'existence de la magie ou encore d'êtres aussi fantastiques que les vampires ou les lycans. Ces peuples seraient complètement désarmés face à la menace que représentait Elisabelle et son allié de vampire.

_ OK, je te crois ! reprit-elle. Mais qu'attendez-vous de moi ?

_ Tu dois prévenir Luciano comme tu le voulais depuis le début et lui dire de fuir avec les sangs impurs. Il ne doit pas les laisser à la merci du vampire. Tu devras également lui dire que la sorcière doit absolument trouver le moyen de les ramener à Anetamara sans passer par ma Merkaba.

_ De quelle sorcière parles-tu, Déborah ?

_ De ta fille, mon ange, lui susurra son amie d'une voix étrange. Notre magie commence à faiblir, Tara. Je vais t'expliquer le chemin à suivre pour te rendre auprès de ton roi. Fais vite car la magie qui t'emprisonne est puissante et elle est en train de nous prendre toute notre énergie !

Au son de la voix de la petite gardienne, Tara sut qu'elle disait vrai. C'est pourquoi, elle écouta attentivement ses instructions avant de reprendre sa route. Elle traversa le parc, car c'était le nom qu'on donnait à ce jardin dans ce monde, avant de rejoindre une grande route. Là, elle s'arrêta de marcher subjuguée par le spectacle qui s'offrait à ses yeux. Il y avait là des maisons plus hautes que le plus vieux des arbres de Mélaya. Leur lumière se reflétait dans une eau aussi noire que de l'encre, aveuglant tout ceux qui les regardaient de trop près. Elle ne resta cependant pas très longtemps devant ce paysage insolite. Elle continua à marcher et arriva devant la maison de Sebastian selon Déborah.

Tara observa la bâtisse d'un œil critique. Elle était moins haute que celles qu'elle avait vues en sortant du parc, mais elle restait haute pour une simple maison. Des briques couleur ocre recouvraient les murs et une vaste porte accueillait les visiteurs. Comme à Lyderem, il y avait un garde à l'entrée. Tara l'examina attentivement avant de juger qu'elle ne risquait rien. Faiblement, Déborah lui expliqua comment faire pour prendre l'étrange machine qu'elle nommait ascenseur. Elle arriva au dernier étage sans encombre et frappa à la porte.

 

 

 

 

Anetamara (38)

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