Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 17:11

Une nuit où j'étais seule (19)

 

 

La réaction de Steven fut celle à laquelle je m’attendais. En m’entendant annoncer l’arrivée de mes deux amies, son visage blêmit, puis devint tout rouge avant qu’il ne quitte la maison en pestant contre les femmes en générales et sa sœur en particulier. Un tendre sourire illumina le visage d’Alex en le voyant réagir ainsi.

_ Il se sent toujours mal à l’aise face à ton amie Samantha, me dit-elle avec un clin d’œil.

_ J’avais remarqué. Je suppose que le franc parler de mon amie dérange la susceptibilité de mon frère. Ils s’entendent comme chien et chat ces deux-là.

Nous échangeâmes un regard complice avant d’éclater de rire. Nous savions toutes les deux que la guerre que se faisaient Steven et Sam tenait à leur affection pour moi. Parfois, je me demandais même s’ils n’étaient pas jaloux l’un de l’autre.

Steven rentra à la maison peu de temps avant l’arrivée de Sam. Il était toujours de mauvaise humeur, mais l’accueillit avec un sourire, glaciale certes, mais un sourire quand même.

_ Tu es seule ? demandai-je à mon amie en lui déposant un baiser sonore sur la joue.

_ Elle n’a pas voulu venir. Quelle fille bizarre que ta nouvelle amie ?

Sans rien ajouter, elle alla dorloter mon neveu – elle adorait presqu’autant que moi ce petit homme plein de charme. Moi, je restais plantée là, au beau milieu du salon, me demandant qui s’était liée d’amitié avec Lauren en premier. Il ne s’agissait pas d’un concours ou de rejeter la faute sur l’une ou sur l’autre, mais Sam devait au moins admettre que celle de nous deux qui se faisait le plus facilement d’amis c’était elle et non moi. Laissant de côté, une fois de plus, le caractère fantasque de mon amie, j’allais nous chercher des boissons chaudes à la cuisine.

L’hiver au 227 ST Mark Road, dans le North Kensington, cette année s’annonçait très froid. Par la fenêtre de la cuisine, je pouvais voir le verglas que le froid avait formé sur le trottoir ou encore des gouttelettes suspendues, comme à jamais, aux feuilles des plantes du jardin de ma belle-sœur. Quelques unes, par je ne sais quel miracle, avait résisté aux premières neiges et tentaient de se réchauffer aux faibles rayons du soleil. Face à ce spectacle que m’offrait la nature, je m’armai de courage pour affronter celle qui me connaissait mieux que moi-même.

_ Alors, ma belle fugitive, dis-moi donc ce qui t’a poussée à venir te réfugier chez ton frère ! Ou plutôt, dis-moi qui tu fuis ! me demanda Sam lorsque je lui tendis sa tasse de café noir.

La jeune femme ne s’était jamais habituée au goût du thé. Elle lui préférait l’arôme du noir nectar.

Je m’assis en face de Samantha dans le douillet salon de mon frère, mais évitai tant que possible son regard. Elle finirait bien assez tôt par deviner ce qui s’était passé et je n’avais aucune envie de devoir m’expliquer devant elle, mais je n’y échapperais pas.

_ Tu attends quoi pour me répondre ? Une invitation sur carton doré ?

_ Ce n’est pas la peine d’être agressive ! m’écriai-je excédé par son ton sarcastique. Je n’ai pas envie d’en parler. Ne devais-tu pas me parler de Lauren ?

_ Si, mais j’estime que les cernes sous tes yeux sont plus importantes que ses yeux rougis par la trahison de son frère.

_ Je ne comprends rien à ton charabia.

Elle posa avec fracas sa tasse sur la table et me fixa de ses grands yeux bleus azur.

_ Je vais être plus claire dans ce cas, dit-elle entre ses dents en se penchant vers moi. J’ai croisé Richard ce matin et il m’a soigneusement évitée. Se sentirait-il coupable de quelque chose ?

Mes mains se mirent à trembler sous son regard inquisiteur et je baissai vivement les yeux pour pouvoir mieux lui mentir.

_ Tu sais bien qu’il craint toujours une altercation avec toi.

_ Mensonges ! s’écria-t-elle en se levant. Tu sais bien que tu es incapable de mentir et encore moins à moi. Tes mains tremblantes, tes lèvres pincées et tes joues écarlates témoignent de ton mensonge, Pam. Qu’a-t-il fait de si répréhensible ?

_ Rien, murmurai-je.

_ Tu appelles ça rien toi ?

La voix tonitruante de Steven dans mon dos me fit frissonner. Il ne manquait plus que ça.

_ Je ne savais pas que violenter une femme sans défense comme toi était une chose normale.

_ Comment ça violenter ?

Steven ne lui répondit pas, attendant que je le fasse. Je me levai pour quitter la pièce. La colère de mon frère pouvait se contrôler, Alex savait si bien se prendre avec lui, mais celle de Sam était si imprévisible et personne n’avait d’ascendant sur elle. Je passai près d’elle sans la regarder, mais mon frère me barra la route.

_ Ne fuis pas, Pam !

_ Je ne fuis pas ! C’est ma vie et je compte bien garder pour moi ce que je ne veux pas dévoiler.

_ Laisse-la, Steven ! Je ne peux pas l’obliger à me parler. J’irai directement voir son ex et je démêlerai tout ça.

Je me retournai vivement vers elle. Quelle enquiquineuse !

_ OK ! Je vais tout te dire, mais promets-moi de ne pas avoir de réaction disproportionnée.

Mon amie se mura dans le silence en attendant que je décide de parler. Je compris bien vite qu’elle ne promettrait rien et que sa colère serait sans précédent. Steven, lui, s’installa confortablement dans son fauteuil préféré pour jouir du spectacle. Je lus dans ses yeux qu’il se réjouissait déjà de pouvoir se venger de Richard à travers Samantha.

_ L’autre soir quand tu m’as ramenée à la maison, il m’attendait dans le hall d’entrée, commençai-je plus anxieuse que je ne le montrai. Il… il m’a insultée et m’a accusée d’être la nouvelle fiancée de Peter Caldwell.

_ Mais ce n’est pas le pire, Sam ! intervint Steven.

Mon amie m’interrogea du regard. Je pouvais déjà voir des éclairs jaillir de ses yeux.

_ Il a voulu me forcer, mais il s’est arrêté quand je me suis mise à pleurer, finis-je par dire à une vitesse folle sans croiser l’autre regard féminin de la pièce.

_ Forcer à faire quoi ?

_ Sam, l’implorai-je sans trop de conviction. Faut-il réellement que j’entre dans les détails ?

_ Ce serait préférable, dit-elle d’un ton trop calme à mon goût. Ca m’empêcherait d’imaginer le pire, comme un viol.

_ Il ne sait rien passer, Sam ! On ne peut pas réellement parler de viol.

_ Quelle naïveté !

Son ton froid me glaça le sang. Je pouvais sentir sa colère envahir toute la pièce. Je n’osais toujours pas la regarder.

_ Tu… tu ne vas pas… ne vas pas….

_ Faire quoi ? Lui casser la gueule ?

Steven siffla en entendant la grossièreté de Samantha. Ce n’était pas dans les habitudes de la jeune femme.

_ Sam, écoute !

_ Non, toi, écoute ! Je ne pensais pas être amie avec une fille aussi niaise. Non, je ne vais pas lui casser la gueule, mais je vais de ce pas lui dire ma façon de penser.

Elle sortit sans me laisser le temps de lui répliquer quoique ce soit ou encore de la retenir. Je me laissai retomber dans un fauteuil en soupirant fortement. Steven choisit ce moment pour éclater de rire. Je le foudroyai du regard.

_ Et tu es content de toi ? lui criai-je.

_ Tout à fait ! me répondit-il souriant. Je sais qu’elle va lui faire ce que je rêve de lui faire depuis que je l’ai rencontré et ce sans que cela fâche ma si charmante femme.

Il quitta la pièce en me lançant un clin d’œil, tandis que je pestait contre lui et la malchance qui me poursuivait.

 

Une nuit où j'étais seule (21)

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
<br /> Super !!! J'ai adoré. Un sacré petit bout de femme son amie.<br /> <br /> Continue ainsi et vivement la suite !!!!!<br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> <br /> c vrai qu'elle a du caractère notre Sam ! ça change de celui de Pam! <br /> <br /> <br /> Merci pour les encouragements et j'espère pouvoir poster la suite d'ici demain soir !<br /> <br /> <br /> <br />