Une nuit où j'étais seule (11)
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Je rentrai à la maison en fin d'après-midi complètement épuisée. Peter m'avait traînée dans tous les étages du centre commercial de la ville. Rien ne semblait venir à bout de son endurance et de sa bonne humeur, même pas grognements de fatigue. Il avait veillé à ce que je ne m'ennuis pas en sa compagnie et que mes ennuis ne viennent pas assombrir mes pensées. il avait eu besoin de moi pour choisir des cadeaux pour sa soeur. J'avais pu tirer de lui que son âge qui était le même que le mien. Bizarrement, bien que cet homme fût la curiosité incarnée, il refusait toute intrusion dans sa vie privée. N'étant pas d'une nature curieuse, j'avais renoncé bien vite à l'interroger. C'était un appel de sa soeur qui avait mis fin à nos emplettes. Au moment où il vit son prénom s'afficher sur l'écran de son portable, son visage s'était fermé et il était devenu morose. Il m'avait raccompagné sans dire un mot et maintenant qu'on se retrouvait stationnés devant chez mes parents, je ne savais quelle attitude adopter.
_ Je vous remercie pour votre aide, Peter et pour cette journée.
_ Ce n'est rien. Je l'ai fait avec plaisir.
Les mains toujours sur le volant, il regardait droit devant lui et semblait absent.
_ Je vais vous laisser.
Je posai la main sur la poignée de la portière pour sortir. Sans savoir pourquoi, je me retournai vivement vers lui et déposai un baiser sonore sur sa joue. Je m'enfuis avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit.
j'étais entrée dans la maison en courant. Le souffle court je m'appuyai contre la porte quand j'entendis des pas venir du salon.
_ Ma chérie ! s'écria ma mère. Tu es enfin rentrée. Je me suis fait un sang d'encre. Laura, la fille de Mme Johnson, travaille à l'hôpital. Quand elle m'a appelée pour avoir de tes nouvelles, j'ai bien cru que mon coeur allait s'arrêter de battre. Ton père et Richard étaient aussi inquiets que moi. Pourquoi ne nous as-tu pas rappelés ?
Ce débit de parole me fit tourner la tête. L'angoisse que j'avais oublié au contact de Peter me revint tout de suite et sembla m'étouffer.
_ Pam, chérie ! Tu vas bien ?
La voix de mon père reflétait de l'angoisse et non des reproches comme celle de ma mère. Je tournai vers lui un visage reconnaissant et rassurant quand j'entendis la porte s'ouvrir derrière moi.
_ Vous n'avez pas à vous inquiéter pour elle, déclara mon fiancé d'une voix dure. Ne devrais-tu pas expliquer à tes parents que pendant qu'ils mourraient d'inquiétude pour toi, toi, tu embrassais un autre homme devant leur porte.
Mon coeur sembla cesser de battre. Le regard qu'il plongea dans le mien n'avait jamais exprimé autant de colère. J'eu l'impression de recevoir un coup de poing en plein estomac. Je ne comprenais pas vraiment la raison de sa colère. Le baiser que j'avais donné à Peter était tout ce qu'il y a de plus innocent. Je n'avais pas pensé à mal. A vrai dire, je n'avais pas pensé du tout.
_ Je... . Ce n'est pas ce que tu crois, tentai-je de lui expliquer.
_ Et c'est quoi ? Non, laisse tomber ! Je comprends mieux maintenant pourquoi tu repoussais sans cesse notre mariage. C'était pour lui ! ça dure depuis longtemps ? Tu me déçois !
J'accueillis ses accusations comme autant de gifles. Le souffle me manqua et je crus pendant un moment que j'allais encore tourner de l'oeil.
_ Je t'assure que tu trompes, Richard.
_ Je ne me trompe pas ! C'est toi qui m'as trompé ! Eric, Christine, vous comprendrez, j'espère que ce mariage n'a plus lieu d'être. Quand à toi, tu me dégoûtes ! Je ne veux plus jamais croiser ton chemin.
Ma mère se mit soudain à pleurer et tenta de raisonner Richard qui allait récupérer ses affaires dans la chambre d'amis. Mon père posa sur moi un regard à la fois désolé et contrarié.
_ Je t'assure, papa...
_ Tu devrais partir aussi, Pamela. Quand ta mère aura retrouvé assez d'aplomb tu risques de passer un mauvais moment. Tu... . Je n'aurais jamais cru ça de ma petite fille chérie.
Il tourna les talons et ne me regarda même pas quand je l'appelai. Je me laissai tomber sur le sol en réalisant que je venais sans doute de gâcher ma vie par simple caprice. Qu'est-ce qui m'avait pris de repousser ainsi Richard ? Pourquoi m'étais-je jeter au cou de cet inconnu que je ne reverrai sans doute jamais ?
Des larmes brûlaient mes joues. Je continuai longtemps à pleurer ne réalisant pas le silence extraordinaire qui habitait la maison. Me secouant un peu, je montais à l'étage pour récupérer mes affaires et appeler un taxi. Quand je descendis pour me rendre à la gare, je ne trouvais personne dans la maison et la voiture de Richard avait déjà disparu. Je refermai la porte d'entrée en songeant que je tournai là une page d'une vie tranquille qui s'annonçait maintenant obscure
